Les éléments transposables MLE (mariner-like element) constituent la plus large famille de transposons à ADN. Ils appartiennent à la superfamille Tc1-mariner et sont caractérisés par leur petite taille d'environ 1300 pb, la présence de deux ITR, et d'une ORF codant une transposase avec une triade catalytique DD34D. Malgré leur abondance et leur caractère ubiquiste, très peu d'éléments dans les génomes eucaryotes sont naturellement actifs, la majorité sont inactifs principalement suite à l'accumulation des mutations ponctuelles et/ou des délétions au cours de l'évolution qui les rendent immobiles. Les éléments mariner regroupent cinq sous familles majeures : mauritiana, irritans, cecropia, mellifer/capitata, et elegans/briggsae.
Dans cette étude, nous avons pu caractériser in vitro deux MLE chez la mouche de l'olive Bactrocera oleae en utilisant des ITR dégénérées comme amorces. Ces éléments désignés Bacomar1 et Bacomar2 sont défectueux et présentent une homologie avec l'élément irritans Cpmar1 identifié chez Chrysoperla plorabunda. La recherche in silico dans le transcriptome (TSA : Transcriptome Shotgun Assembly) de B. oleae disponible dans NCBI montre également la présence de transcrits non codant homologues à Bacomar1 et 2 qui interviennent probablement dans les mécanismes de régulation. Afin de mieux connaitre l'histoire évolutive des MLE au sein le genre Bactrocera, les génomes séquencés de Bactrocera tryoni et Bactrocera cucurbitae disponibles dans les banques de données ont été explorés. La recherche des MLE a été faite en utilisant comme requêtes Bacomar1 et 2 issus de B. oleae ainsi que Cpmar1 de C. plorabunda. Cent trente et une séquences ont été extraites à partir du génome de B. tryoni alors que le génome de B. cucurbitae semble dépourvu d'éléments irritans. Tous les éléments irritans détectés in silico sont délétés ou tronqués et aucun ne possède un cadre de lecture ouvert intact. L'analyse phylogénétique montre que tous les MLE identifiés dans cette étude sont regroupés dans un même clade suggérant qu'ils dérivent tous d'un même ancêtre commun transmis verticalement entre les espèces de Bactrocera étudiées.
Une bonne connaissance de la structure, la distribution, la dynamique et l'évolution des MLE dans les espèces de Bactrocera contribuera à mieux comprendre l'histoire évolutive de ces ET ainsi que l'histoire invasive de leurs espèces hôtes.